Andromède : suite ou fin ?

Ce billet a été publié sur La LettreDuSaaS.com. mais le journaliste n’a pas intégré tous les liens que j’avais proposés. A la suite d’une demande sur Twitter, je publie ici la version originale et intégrale de cet article :

 

Fin 2011, j’avais évoqué dans lalettredusaas.com le projet Andromède. Pour mémoire, Andromède est un projet de Cloud national, une plateforme IaaS publique destinée aux entreprises et administrations françaises, qui doit être financée par le grand emprunt.

ll me semble très pertinent de disposer d’une offre Cloud française pour deux raisons :

  • Pour des raisons juridiques, beaucoup d’entreprises préférent voir leurs données hébergées en France, en particulier à cause du Patriot Act.
  • La  proximité avec les clients est souhaitable pour minimiser la latence réseau, pour faciliter les échanges commerciaux et le support.

De plus, avoir un Cloud de grande envergure pour la France, ou pour l’Europe, permettrait de proposer des prix compétitifs, comparables à ceux des Clouds américains, par effet d’échelle.

Si vous avez suivi l’actualité, vous avez sans doute comme moi l’impression que l’idée d’Andromède risque d’être diluée dans des projets concurrents.

Je vous rappelle les faits récents :

Le moins qu’on puisse dire est que l’on s’y perd un peu…

Malgré tout, j’ai le sentiment que l’Europe sait créer des infrastructures cohérentes à grande échelle : je pense au réseau GSM, aux lignes à grandes vitesses, etc. A contrario, les USA privilégient la libre concurrence, qui va rarement dans le sens de l’harmonisation. Je pense qu’Andromède devrait être un projet européen.

Mais surtout, il me semble qu’Andromède devrait se pencher sur les technologies Open Source. Si VMware est un standard de fait de la virtualisation, un formidable accélérateur pour bâtir un Cloud rapidement, ses technologies coûtent cher. Et plus le Cloud grandit, plus le prix des licences devient important. D’ailleurs Google et Amazon ont choisi d’éviter ce type de dépendance.
Un certain nombre de projets de Cloud Open Source commence à mûrir, comme OpenStack ou OpenNebula. Compte tenu de notre retard sur les offres américaines, pourquoi ne pas prendre la voie de l’Open Source pour bâtir une plateforme européenne totalement différente, et surtout une plateforme ouverte? L’Open Source permet aussi d’éviter de couteuse licences (cf. Munich qui économise 3 millions d’Euros en passant à Linux). Et l’Open Source évite la dépendance vis à vis des grands éditeurs américains.
J’aurais donc tendance à suggérer la conception d’une brique standardisée, un datacenter Cloud ouvert réutilisable. Cette brique pourrait être clonée à l’échelle de l’Europe pour bâtir progressivement une plateforme de grande envergure. Elle pourrait s’appuyer sur les travaux d’Open Data Center Alliance ou d’Open Compute.
Cette harmonisation européenne serait facilitée par un DSI à la Commission Européenne, à l’image de Vivek Kundra qui avait été nommé DSI de la Maison Blanche par Barack Obama.

Guillaume Plouin

DSI La Fresque du Climat (ONG) Responsable du domaine Systèmes d’Information et Technologies du Digital à CentraleSupélec EXED.

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