Nouveaux paradigmes du Green IT

J’ai été invité, la semaine dernière, au salon Med-IT, qui se tenait à Casablanca. J’y ai fait une présentation sur le Cloud Computing et j’ai pu suivre plusieurs sessions intéressantes sur la thématique du Green IT. Le propos de ce billet est de synthétiser les idées qui m’ont marqué sur l’informatique responsable.

L’IT, un concurrent pour l’humanité ?

Un intervenant a fait un parallèle intéressant entre la consommation de l’IT et celle des humains. Il semblerait que :

  • Un rack, c’est à dire une unité serveur au sein un datacenter, consomme autant d’électricité qu’un ménage
  • Une baie de serveur consomme autant d’électricité qu’un immeuble. Le parallèle est d’autant plus amusant qu’une baie de serveur a la même forme que des appartements superposés au sein d’une tour d’habitation.
  • Un datacenter d’envergure consomme autant d’électricité qu’une ville

Il en résulte une possible concurrence entre les villes humaines et les datacenters pour l’accès à l’énergie. J’ai même entendu que cette concurrence était avérée en région parisienne où EDF ne peut plus augmenter suffisamment sa production d’énergie pour permettre l’implantation de nouveaux datacenters.

Cette idée de concurrence entre l’homme et la machine m’a amusé car elle est au cœur de nombreux films de science fiction.

Une facture jusqu’ici ignorée par les DSI

J’ai appris aussi que la plupart des DSI ignorent complètement la facture électrique de leur datacenters, car cette facture est généralement payée par les services généraux, au même titre que le chauffage. Il semblerait que cette facture représenterait 50% des coûts de l’IT dans un futur proche. Il parait donc complètement incroyable que les DSI tentent de rationaliser leurs coûts en en ignorant une partie essentielle…

De la même manière que pour la téléphonie sur IP, la récupération par la DSI de la gestion de la consommation électrique devrait contribuer à mieux maîtriser les coûts.

Vers des datacenters autorégulés

J’ai souvent entendu parler des Smart Grids. Lorsque j’ai rencontré ce terme pour la première fois, c’était dans la bouche d’un collaborateur d’Areva. Il m’avait expliqué qu’il s’agissait d’un système de gestion intelligente destiné aux producteurs électriques : grâce à des capteurs placés dans le réseau et chez les particuliers, le producteur d’électricité est capable d’adapter sa production à la demande en temps réel.

Puis j’ai assisté à un Clean Tuesday parisien en septembre. Le terme « Smart Grid » semblait y désigner toute infrastructure capable de s’autoréguler.

Les intervenants de Med-IT ont évoqué des datacenters capables d’éteindre des machines en cas de baisse de charge. Le modèle de consolidation des datacenters deviendrait donc :

  1. Regroupement des applications sur un site unique
  2. Mutualisation des outils d’administration
  3. Rationalisation des ressources machines
  4. Virtualisation de l’exécution et du stockage
  5. Recours à un système de régulation dynamique capable d’éteindre les machines inutilisées

L’objectif de cette régulation intelligente est d’atteindre un PUE (Power usage effectiveness) proche de 1, alors qu’il est généralement proche de 3.

Pour mémoire, un PUE à 1 signifie que toute l’énergie est utilisée par les applications hébergées, tandis qu’un PUE à 3 signifie que seulement 1/3 de l’énergie est au service des applications. Les 2 autres tiers alimentent les systèmes de refroidissement et l’infrastructure (routeurs, lecteurs de disques, etc.)

Google doit être proche du niveau de maturité maximal, puisque le géant du Cloud Computing à communiqué sur un PUE de 1,21…

Guillaume Plouin

DSI La Fresque du Climat (ONG) Responsable du domaine Systèmes d’Information et Technologies du Digital à CentraleSupélec EXED.

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