Technologies télécom : chronique d’un chaos annoncé

Ce billet fait suite à un échange avec un spécialiste des technologies 3G.

Nous avons affaire depuis quelques années à une multiplication des technologies télécoms, en particulier dans le domaine du sans-fil. Ainsi les entreprises doivent souvent gérer diverses technologies:

  • Filaire : lignes spécialisées, ADSL, fibre optique, VPN MPLS, etc.
  • Sans fil : Wifi, WiMAX, 2G (GSM, GPRS, EDGE), 3G (UMTS, HSDPA), etc.

Cette diversité brouille la compréhension des utilisateurs et nécessite des appareils nomades extrêmement versatiles pour pouvoir passer d’une technologie à l’autre. Il n’existe d’ailleurs aucun appareil sur le marché capable de gérer l’ensemble des réseaux sans fils cités ci-dessus.
En plus de la complexité de gestion de la coexistence de ces différentes technologies, les utilisateurs doivent gérer 2 problématiques :

  • Pas de prise en charge du « handover », c’est-à-dire pas de possibilité de basculer d’un réseau à un autre sans interruption de communication
  • pas de proposition de services unifiés : en général, chaque technologie dispose de sa propre offre de services (communication vocale pour la 2G et 3G, accès au Web pour le WiFi, etc.)

On constate ainsi que l’entropie des technologies télécom mène à une offre illisible, et ce d’autant plus que les opérateurs sont spécialisés (Free pour le WiMAX, METEOR Network pour le Wifi, Bouygues Télécom pour l’Edge, SFR et Orange pour la 3G, etc.).

Ainsi, si les technologies continuent à se diversifier, et si les opérateurs restent spécialisés et locaux, les utilisateurs vont être confronté à un véritable casse tête : savoir que dans telle région, telle technologie est disponible auprès de tel opérateur qui propose tel mode de facturation…

Pour éviter ce chaos annoncé, plusieurs opérateurs (Orange, British Télécom, etc.) tendent à se transformer en « opérateurs unifiés » et à déployer une technologie d’intégration des réseaux dénommée IMS.

IMS signifie IP Multimedia Subsystem. Cette norme propose aux opérateurs de déployer un cœur de réseau agnostique en matière de technologie de transport et ainsi d’offrir aux utilisateurs :

  • Le handover
  • Des services indépendants de la couche de transport
  • Une notion de présence unifiée basée sur SIP (Session Initialisation Protocol).

SIP permet de joindre un correspondant via un identifiant unique (voir ce billet) quel que soit le mode de collaboration (voix, vidéo, messagerie instantanée, etc.) et quel que soit le réseau sous-jacent.

Les normes IMS et SIP offrent une opportunité intéressante pour sortir d’un chaos télécom annoncé. Cependant, IMS est une norme complexe et encore jeune. Elle demande aux opérateurs des investissements importants et ces derniers ont déjà payé très cher leur licence 3G.
Le succès d’IMS reste ainsi incertain, d’autant plus que la norme est critiquée par certains acteurs, comme le cabinet Yankee Group.

L’avenir nous dira si le modèle de l’opérateur unifié fonctionnera avant l’arrivée de la 4G…

Guillaume Plouin

DSI La Fresque du Climat (ONG) Responsable du domaine Systèmes d’Information et Technologies du Digital à CentraleSupélec EXED.

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